IA : moteur de la rénovation énergétique des logements

Face à l’urgence climatique et aux pressions économiques croissantes, le secteur immobilier doit relever des défis majeurs.

D’une part, les bâtiments existants, responsables de près de 40 % des émissions mondiales de carbone, nécessitent une réduction drastique de leur empreinte écologique.

D’autre part, les nouvelles réglementations, telles que l’interdiction progressive des passoires thermiques en France (classe G interdite à la location dès 2025), imposent aux propriétaires d’investir massivement dans des rénovations énergétiques.

Or, ces opérations, souvent complexes et coûteuses, s’avèrent difficiles à réaliser à grande échelle dans un secteur immobilier marqué par une fragmentation des acteurs et un rythme trop lent de transformation.

C’est dans ce contexte que l’intelligence artificielle (IA) s’annonce comme un outil révolutionnaire.

En alliant analyse prédictive, apprentissage automatique et gestion des données massives, elle transforme la manière dont les projets de rénovation énergétique seront conçus, planifiés, exécutés et maintenus.

Explorons en profondeur les multiples facettes de cette révolution technologique, ainsi que ses impacts concrets sur les propriétaires, les professionnels et non accessoirement, la planète.

Intelligence Artificielle et Rénovation Énergétique

L’intelligence artificielle va accélérer et révolutionner la rénovation énergétique des biens immobiliers.

Le secteur du bâtiment consomme aujourd’hui environ 30 % de l’énergie mondiale, un chiffre alarmant qui reflète l’inefficacité des infrastructures existantes.

En Europe, près de 75 % des bâtiments sont énergétiquement inefficaces, ce qui place la rénovation énergétique au cœur des priorités environnementales.

Pourtant, le taux annuel de rénovation reste limité à 1 %, bien en deçà des ambitions européennes visant un taux de 3 % pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

À cette lenteur s’ajoute une complexité réglementaire croissante. En France, par exemple, le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu un levier majeur de négociation pour les acheteurs, tandis que les passoires thermiques subissent des dépréciations pouvant atteindre 15 % de leur valeur marchande.

Et ce n’est pas tout : une directive de l’Union Européenne veut obliger les vendeurs à rénover leur logement avant la vente.

Les particuliers ne pourraient plus vendre un bien non rénové à partir de 2030 !

Qu’est-ce que le DPE ?

Le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) est un document qui évalue la consommation d’énergie et l’impact environnemental d’un bâtiment ou d’un logement, en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

Obligatoire en France lors de la vente ou de la location d’un bien immobilier, il donne une estimation de la consommation énergétique (chauffage, eau chaude, climatisation, etc.) et attribue deux étiquettes :

1. Étiquette énergie : note de A (très économe) à G (très énergivore).
2. Étiquette climat : note de A (faibles émissions de CO₂) à G (fortes émissions).

Le DPE permet aux occupants ou futurs acheteurs/locataires d’estimer les coûts énergétiques et de prendre des décisions éclairées.

Depuis 2021, le DPE est devenu juridiquement opposable, ce qui engage la responsabilité du propriétaire ou du vendeur en cas d’erreur.

Vendre une passoire thermique sera de plus en plus difficile.

Ces évolutions incitent les propriétaires à envisager des travaux énergétiques, mais ils se heurtent alors à des obstacles financiers, techniques et logistiques décourageants.

L’Intelligence Artificielle s’impose ici comme une solution inédite à ces défis. Elle promet de simplifier et d’accélérer le processus de rénovation, en s’appuyant sur des algorithmes capables d’analyser rapidement des millions de données.

L’IA peut prioriser les investissements, simuler les divers impacts des travaux et proposer des scénarios optimaux adaptés aux besoins spécifiques de chaque bâtiment.

L’IA pour mieux estimer les travaux

Priorité à l’intelligence ! Et à l’anticipation.

Face à des ressources limitées, il est crucial d’identifier les bâtiments où les rénovations auront le plus grand impact environnemental et économique.

L’IA peut analyser des bases de données volumineuses, incluant les factures d’énergie, la superficie, les matériaux et l’état général du bâtiment, pour établir une liste hiérarchisée des priorités. Par exemple, une municipalité souhaitant rénover un parc immobilier public pourrait, grâce à l’IA, concentrer ses efforts sur les bâtiments les plus énergivores ou stratégiques.

Une fois les priorités définies, l’IA génère des scénarios détaillés de rénovation. Il s’agit de d’atteindre à une conception optimisée grâce à de multiples simulations.

Des outils comme ceux développés par la start-up Kelvin intègrent des technologies de “computer vision” et d’analyse prédictive pour proposer des plans de travaux incluant les modifications nécessaires (isolation, fenêtres, systèmes de chauffage), leur coût estimé et les gains énergétiques attendus.

Ces simulations permettent de visualiser les résultats avant même de commencer les travaux, réduisant ainsi le risque d’erreurs ou de dépassements budgétaires.

Le bon équilibre entre gains énergétiques et coût des travaux est crucial. Crucial aussi de ne pas avoir à défaire puis refaire… Si les propriétaires hésitent à investir dans des rénovations coûteuses, c’est parce qu’ils ne savent pas si l’opération sera rentable.

L’IA répond à cette préoccupation en prévoyant avec précision la performance énergétique future d’un bien, notamment la nouvelle classe DPE, ainsi que les économies potentielles sur les factures.

Cette information, couplée à des données sur les tendances du marché immobilier, offrira une base plus solide pour prendre des décisions éclairées.

Une exécution des chantiers plus efficace grâce à l’IA

L’IA, ce n’est pas seulement la gestion d’une grande quantité de données : c’est une gestion des données en temps réel.

Pendant la phase d’exécution des travaux, l’IA jouera un rôle clé dans la gestion des chantiers.

Si l’IA permettra une surveillance en temps réel de l’avancement des travaux, elle permettra aussi de raccourcir leur durée. Par conséquent, là encore, d’en réduire le coût.

Des capteurs IoT (Internet des objets) et des drones peuvent d’ores et déjà transmettre en temps réel des informations sur l’avancement des travaux. Les algorithmes analysent ces données pour détecter les anomalies, comme des retards dans la livraison de matériaux, des erreurs de construction ou des non-conformités aux plans.

En identifiant rapidement les problèmes, l’IA permet de les corriger avant qu’ils n’entraînent des surcoûts ou des retards importants. Par exemple, si un capteur détecte une mauvaise isolation thermique dans une section du bâtiment, une alerte peut être envoyée immédiatement pour corriger l’erreur.

Cette capacité d’intervention rapide améliore la qualité globale du projet tout en réduisant les coûts.

Sans compter que l’IA pourra également automatiser certaines tâches répétitives ou dangereuses sur les chantiers, comme le déplacement de matériaux lourds ou l’inspection de zones difficiles d’accès.

Cette automatisation améliore la sécurité des travailleurs tout en augmentant la productivité !

L’IA améliore la performance énergétique d’un logement

Dans l’expression “Diagnostic Performance Énergétique”, il y a le mot “Performance” !

La performance, c’est justement le propre d’une IA.

L’intelligence artificielle augmentera la performance des travaux, par suite la performance de la rénovation et par conséquent la performance énergétique du logement.

Mais la performance de l’IA ne se limite pas à la rénovation : elle performera encore après la fin des travaux. Une fois rénové, le logement sera plus “intelligent” : pour une meilleure performance énergétique “post-rénovation”.

La rénovation énergétique ne s’arrête pas en effet à l’exécution des travaux. Les bâtiments rénovés peuvent être transformés en infrastructures intelligentes grâce à l’intégration de l’IA et des technologies connectées.

L’IA peut dès lors superviser en continu les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) pour ajuster leur fonctionnement en fonction des besoins réels.

L’enjeu est d’aboutir à une gestion énergétique optimisée. Par exemple, dans des bâtiments publics comme les écoles ou les bibliothèques, les capteurs IoT mesurent le taux d’occupation et ajustent automatiquement le chauffage ou l’éclairage, économisant ainsi de l’énergie.

En surveillant les équipements en temps réel, l’IA peut aussi anticiper les pannes et proposer des interventions ciblées avant que le problème ne survienne. Cette approche proactive réduit les coûts de maintenance tout en augmentant la durabilité des installations.

Là encore les particuliers feront des économies, augmentant la durée de vie de leurs équipements, limitant la contrainte onéreuse de les remplacer.

Enfin l’IA est un puissant vecteur de personnalisation. Les systèmes d’IA dans les bâtiments intelligents offriront des services personnalisés aux occupants, comme la régulation automatique de la température ou l’ajustement des stores en fonction de la lumière extérieure.

Ces fonctionnalités améliorent le confort tout en réduisant l’empreinte énergétique de votre habitat.

Comment intégrer l’IA dans la rénovation énergétique ?

Pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA, des données fiables et accessibles sont essentielles.

Or, dans le cas des bâtiments anciens, ces informations sont souvent inexistantes ou obsolètes.

La création de jumeaux numériques, des répliques virtuelles des bâtiments intégrant toutes les données pertinentes, pourrait combler cette lacune.

Qu’est-ce qu’un jumeau numérique ?

Un jumeau numérique (ou digital twin en anglais) est une réplique virtuelle d’un objet, d’un système ou d’un processus physique.

Ce concept associe des données en temps réel à des modèles numériques pour surveiller, analyser, simuler et optimiser des systèmes du monde réel.

Il repose sur des technologies telles que l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA), et les outils d’analyse avancée.

L’utilisation croissante de données dans le secteur immobilier soulève cependant de nombreuses questions éthiques.

Notamment en matière de confidentialité et de protection des informations personnelles. Les acteurs du secteur doivent se conformer aux réglementations comme le RGPD, tout en garantissant la transparence et la sécurité des données collectées.

Tout dépendra de ce que les particuliers obtiendront en échange du partage de leurs données. Or il y a là une opportunité à la fois économique et environnementale.

• Un retour sur investissement attractif

Une rénovation énergétique de votre logement aura pour ainsi dire un double effet : à la fois déflationniste et inflationniste.

Déflationniste parce que la moindre consommation quotidienne d’énergie augmentera votre pouvoir d’achat. Les déperditions d’énergie sont aussi des pertes d’argent.

Inflationniste parce qu’une rénovation énergétique réalisées avec l’aide de l’IA vous permettra non seulement de réduire les coûts opérationnels de votre logement, mais aussi d’en augmenter la valeur patrimoniale.

Les biens bien notés sur le DPE se vendent à des prix plus élevés. Aussi les économies d’énergie réalisées en amont compenseront rapidement les dépenses initiales.

• Une contribution significative à la transition écologique

En facilitant la rénovation énergétique à grande échelle, l’IA joue un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique.

Les bâtiments rénovés consomment moins d’énergie, émettent moins de CO₂ et favorisent le développement de villes plus durables et résilientes.

IA et immobilier : une révolution technologique !

L’intelligence artificielle n’est plus un concept futuriste dans le secteur de la rénovation énergétique.

L’IA s’imposera inexorablement comme un outil incontournable pour surmonter les obstacles techniques, financiers et logistiques qui freinent la transformation du parc immobilier.

En combinant technologie avancée et vision écologique, l’IA redéfinit les normes de durabilité et d’efficacité dans le secteur.

Pour relever les défis climatiques et économiques, les professionnels de l’immobilier doivent adopter cette révolution dès aujourd’hui.

Nous ne sommes qu’au tout début du “chantier du siècle”.