Par Fabrice Hamon le 18 juillet 2024
La Banque Centrale Européenne veut créer un Euro Numérique : une version dématérialisée du liquide, un moyen de paiement indépendant des banques.
L’Euro numérique de la Banque Centrale Européenne n’est encore à ce stade qu’un projet.
Phase d’étude lancée en juillet 2021 ; phase d’expérimentation lancée en octobre 2023 pour une durée minimum de 3 ans ; lancement de l’euro numérique vers 2027-2028, une fois le cadre législatif adopté.
L’Euro numérique en est donc actuellement au stade de l’expérimentation. La mission que la BCE lui donne : garantir la souveraineté monétaire de l’Union Européenne face aux acteurs privés non européens (Apple Pay et Google Pay par exemple) ; offrir une alternative aux cryptomonnaies qui prolifèrent.
Mais sa mission est aussi de répondre à la hausse des paiements numériques ainsi qu’à la baisse des paiements en espèces, la hausse des premiers expliquant la baisse des seconds.
La hausse fulgurante des paiements numériques menace l’usage des espèces et la protection de la vie privée.
De fait, les moyens de paiement numériques protègent mal la vie privée. Rien ne la protège mieux des collecteurs de données personnelles que les paiements en espèces.
Comment payer en ligne et protéger sa vie privée aussi sûrement qu’en payant avec de l’argent liquide ?
Utilité de l’Euro Numérique
- Il vient en complément des espèces (pièces et billets) et coexistera avec les moyens de paiement privés (cartes, applications).
- Il sera disponible sous la forme d’un portefeuille numérique pouvant être utilisé par les particuliers et les professionnels pour leurs paiements, à tout moment et dans toute la zone euro.
- Les paiements en Euro numérique seront disponibles en ligne et hors ligne.
- Utiliser des euros numériques sera gratuit pour les consommateurs.
- L’Euro numérique protègera mieux la vie privée que les autres moyens de paiement numériques.
L’enjeu de l’Euro numérique est de nous garantir l’anonymat que nous procure les achats en espèces.
Par définition, on ne peut payer en ligne avec des billets de banque, de la main à la main, comme au tabac du coin.
De l’argent liquide en ligne, c’est cela l’Euro numérique !
L’Euro numérique protègera mieux votre vie privée.
Sur internet, vous ne pouvez payer qu’avec une carte bancaire, le cas le plus courant, ou bien avec un service de paiement en ligne, un cas moins fréquent néanmoins en expansion.
En dehors d’internet, vous pouvez payer par carte bancaire, le cas le plus courant, ou bien avec des espèces, de moins en moins fréquemment, ou bien par chèque, de plus en plus rarement.
Vous ne pouvez pas payer en « liquide » dans les magasins en ligne, vous payez moins « en liquide » dans les magasins physiques : les espèces sont une espèce en voie de disparition.
Avec eux c’est la vertu du liquide qui se perd. L’utilisation de l’argent liquide garantit la liberté de choix en matière de moyens de paiement : les consommateurs peuvent choisir de payer en espèces ou par d’autres moyens selon leurs préférences, lesquelles varient aussi selon les circonstances.
La carte bancaire l’emporte aujourd’hui sur l’argent « liquide », bien que ce dernier mode de paiement, le plus ancien, soit lui aussi universellement accepté. Payer par carte bancaire est plus pratique, plus encore depuis qu’il est possible de payer sans contact, jusqu’à 50€ avec une carte bancaire, au-delà avec un téléphone mobile.
Nous sommes déjà pleinement dans l’ère du paiement numérique et ceci est un progrès remarquable. Mais attention : la raréfaction du liquide est une perte de liberté.
C’est tout l’enjeu de l’Euro numérique : conserver la liberté du paiement en liquide, tout en profitant de la rapidité et de la sécurité du paiement numérique.
Il s’agit de réunir le meilleur des deux mondes : des billets numériques en quelque sorte !
Payer avec de l’argent liquide sur internet, ce sera possible avec des euros numériques ! Ce sera comme avoir des billets ou de la monnaie dans votre portefeuille, mais cette fois dans un portefeuille numérique.
Des billets numériques qui auront la même vertu que vos billets papier : la sauvegarde de votre anonymat, la protection de vos données personnelles.
L’argent « liquide » protège la vie privée.
De l’argent dans la poche, c’est comme une poche de liberté. Comme vos billets, vos euros numériques ne laisseront aucune trace derrière vous. Payer avec des espèces, c’est la liberté de payer ce que vous voulez en toute confidentialité.
Vous retirez 100 € au distributeur et vous en faites ce que vous désirez, sans que votre banquier n’en sache rien. À l’instar des pièces et des billets, l’Euro numérique est une monnaie virtuelle qui coexistera avec les chèques et les cartes bancaires. Vos billets sont acceptés partout ; vos euros numériques seront acceptés partout aussi.
Comme les pièces et les billets, l’Euro numérique protègera votre vie privée : l’utilisation des espèces diminuant au profit des paiements numériques, c’est l’exposition de votre vie privée qui augmente dangereusement, ainsi que l’exploitation de vos données.
Il est vrai que les paiements numériques sont très pratiques, beaucoup plus que les espèces : nul besoin de se déplacer d’abord dans une agence pour retirer de l’argent, avant de se rendre chez un commerçant. On sort la carte, physique ou mobile, et on paye directement.
Mais la transaction est enregistrée, par la banque, par le commerçant, également par l’émetteur de la carte de paiement, éventuellement encore par un agrégateur de comptes ou bien par Apple ou Google si vous avez utilisé leur service de paiement via votre smartphone.
Voilà beaucoup de monde qui sait tout de vos dépenses ! Voilà beaucoup de monde qui n’en saura plus autant si vous utilisez des euros numériques pour vos achats personnels : elles en sauront moins sur vos marques préférées par exemple, ce qui limitera leurs ciblages publicitaires ; elles ignoreront aussi vos achats secrets…
Non pas que vous ayez des choses répréhensibles à cacher, mais des choses que vous préféreriez garder secrètes, qui ne regardent que vous, parce qu’elles touchent à votre vie ou vos pensées les plus intimes.
Un livre sur Amazon concernant vos problèmes de santé ou par exemple de sexualité ou plus largement vos problèmes existentiels quels qu’ils soient, vous préféreriez vous le procurer anonymement, avec un moyen de paiement discret qui ne signale pas vos centres d’intérêt à tous ses sites partenaires.
Amazon le saura, de même que votre libraire vous voit. Mais Amazon est une plateforme virtuelle, alors que le libraire est une personne physique, sans compter ses collègues et les autres clients derrière vous qui attendent de passer à la caisse. Il n’en reste pas moins qu’une plateforme enregistre vos faits et gestes dans des lignes de code, les compile puis vous fait des recommandations.
Un jardin secret est un droit fondamental que les achats sur internet ne permettent pas : des achats anonymes impossibles aujourd’hui en ligne, ni même en magasin où vous êtes visible et reconnaissable, outre que vous n’y êtes pas seul.
Le plus discret serait finalement d’acheter en liquide dans le magasin d’une autre ville !
Le liquide implique en effet que vous transmettiez physiquement vos billets à quelqu’un.
Le libraire vous voit, peut vous identifier, en profite d’ailleurs pour vous demander un e-mail ou un numéro de portable pour vous fidéliser, ce qui rend l’achat en magasin de plus en plus pénible par ailleurs…
Et il en sera de même si vous payez ce commerçant physiquement avec des euros numériques : vous serez face à lui, à visage découvert, au vu et su des autres clients. Au moins aurez-vous caché cette transaction à la banque.
En payant avec du « liquide numérique » sur internet, on ne connaîtra en revanche ni votre nom ni votre visage ni vos habitudes d’ailleurs puisqu’aucun de vos mouvements ne sera enregistré par la Banque Centrale Européenne. Aucune trace de votre achat, ni même chez Amazon, que ce soit pour l’achat d’un bouquin - ou d’un produit coquin…
Comment s’abriter du regard des algorithmes, après s’être dérobé à celui des personnes ? Dans les magasins en ligne, il suffira de créer un compte client avec un nouvel e-mail dédié à ces opérations pour y acheter avec des euros numériques sans s’inquiéter d’un traçage électronique ni redouter les mille recommandations algorithmiques d’autres contenus ou services.
Idéalement, la création d’un portefeuille d’euros numériques créerait instantanément un e-mail crypté, doublé d’un mot de passe robuste, vous permettant d’acheter sans livrer aucune information personnelle qui puisse générer des campagnes intrusives par la suite. Nous ignorons si tel sera le cas, mais de toute façon, il sera très simple de créer un nouveau compte avec un nouvel email et de le raccorder à son portefeuille en euros numériques.
L’Euro numérique nous semble donc un formidable moyen de préservation de la vie privée dans un monde tendant à tout rendre publique.
On songe au livre de Jeremy Bentham, “Panoptique”, publié en 1791, dans lequel le philosophe anglais imaginait un plan d’architecture carcérale permettant à un gardien d’observer tous les prisonniers sans qu’ils le sachent. Pire : l’objectif était de donner aux détenus le sentiment d’être surveillés en permanence, sans savoir quand ils l’étaient effectivement…
À la fin du 18ème siècle, nous étions loin des capacités de la technologie d’aujourd’hui. Au début du 21ème siècle, nos capacités technologiques sont fort heureusement encore loin de pouvoir nous incarcérer dans un tel monde totalitaire entièrement transparent.
Nous vivons de plus en plus « publiquement », soit volontairement, par exemple en publiant nous-mêmes des moments de vie sur les réseaux sociaux, soit involontairement, en faisant des achats par exemple, qu’ils fussent occasionnels ou quotidiens.
De nombreux pans de notre existence sont d’ores et déjà dévoilés à ce qu’il faut bien appeler des inconnus, et ceci sans que nous le sachions en effet, bien que nous en soyons conscients.
Beaucoup d’entre nous deviendrons clients de la BCE !
Ou plutôt, en l’occurrence, utilisateurs de ce moyen de paiement qui nous mettra à l’abri du regard de tous les acteurs qui ont un intérêt commercial à nous connaître mieux.
Et c’est bien là le problème : que nous soyons nombreux, très nombreux à opter pour ce moyen privé, très privé, de paiement, en réalité plus protecteur de notre vie privée que les espèces elles-mêmes.
Lorsque Daniel Baal, récemment élu nouveau président du Crédit Mutuel, met en doute l’utilité de l’Euro numérique, il faut comprendre que son point de vue est celui d’un banquier, pas celui d’un individu, et que son objectif est de ne rien perdre de l’argent ni de la connaissance de ses clients.
« Attention aussi à une Europe qui confond modernité et n’importe quoi, comme lorsqu’il s’agit de l’euro numérique. J’ai beaucoup cherché à comprendre, mais je ne sais toujours pas à quoi il doit servir. Je vois que même ses fervents défenseurs ne sont pas capables de me dire quels sont les services nouveaux qui seront apportés aux citoyens. »
Daniel Baal
Espérons que notre article aidera à leur compréhension…
Mais tout d’abord soulignons que l’emploi du mot « citoyen » dans cette intervention est en soi problématique, tant il est vrai que personne ne puisse être réduit à ce statut, aussi noble soit-il.
Il est problématique parce qu’il politise un projet d’euro numérique dont la vocation est précisément de réserver aux individus une vie en dehors de la place publique.
Il est problématique enfin, tant ce mot fort est souvent rattrapé au vol pour défendre ou justifier des intentions nullement désintéressés : relativement aux banques nous sommes des clients, nullement des citoyens - bien que des clients civilisés.
Il ne s’agit donc pas de savoir quels services nouveaux l’Euro numérique apportera aux citoyens, mais ce qu’il apportera aux personnes. Et si nous voulons prendre au mot notre banquier, alors nous lui dirons que la liberté étant l’aspiration première des citoyens, c’est bien une nouvelle liberté que l’Euro numérique apportera aux européens.
Une nouvelle liberté qui n’arrange pas les banques évidemment, puisqu’il s’agit de créer un espace de paiement en marge des banques justement.
Ce que permet déjà l’usage des espèces : lorsque vous retirez du liquide, vous sortez l’argent de la banque et non seulement vous en disposez librement et gratuitement, sans commission pour la banque à chaque retrait, mais lorsque vous paierez en liquide un commerçant, la banque ne percevra plus une commission sur une transaction dont elle ignorera l’existence.
L’Euro numérique serait comme une monnaie libre sans être pour autant une monnaie « libertarienne », ce que sont à de nombreux égards les diverses cryptomonnaies, ne dépendant pas d’une autorité centrale quant à elles. L’Euro numérique dépendra quant à lui d’une banque centrale, ce qui aura la vertu d’inspirer confiance aux « citoyens » européens.
Et c’est bien cette confiance des individus en une monnaie garantie par la Banque Centrale Européenne qui inquiète les banques commerciales : ils y ouvriront des comptes en toute confiance, les yeux fermés, sans crainte de perdre leur argent, ce qui n’est pas le cas sur un compte en bitcoins par exemple.
Surtout que l’Euro numérique aura une utilité très pratique que n’ont pas les mille cryptomonnaies disponibles sur le marché : il sera accepté par tous les commerçants, physiques ou digitaux, partout en Europe.
C’est pourquoi il s’agit d’une menace beaucoup plus puissante pour les banques.
L’Euro numérique protègera mieux la vie privée que les autres moyens de paiement numériques.
Nous avons évoqué l’avantage précieux de l’Euro numérique qui consiste à assurer un moyen de paiement exclusif, autrement dit exclusivement personnel, incontrôlable par les banques, les entreprises ou les gouvernements.
Il faut évoquer aussi un autre avantage précieux, qui consiste cette fois à assurer aux individus un moyen de paiement inclusif, ouvert à toutes celles et tous ceux qui n’ont pas de compte en banque, donc aucun moyen de paiement. Un individu non bancarisé, à cause d’un manque de ressources financières, aura droit à un compte gratuit en Euro numérique, une carte gratuite aussi pour ses dépenses courantes, alors vitales pour lui.
Pouvoir laisser la banque de côté d’une part, ne laisser personne de côté d’autre part, voilà au moins deux utilités inestimables de l’Euro numérique.
Assurer une vie privée aux uns, assurer la survie à d’autres, n’est-ce pas de grande valeur pour les « citoyens » européens ?
En payant avec des euros numériques, les banques n’auront plus accès à vos paiements : ni aux informations ni aux commissions sur vos dépenses.
Mais il y a plus grave pour les banques : plus négatif pour elles et il faut le dire, potentiellement moins positif aussi pour ses clients…
Si l’Euro numérique est une monnaie virtuelle, il sera composé d’une monnaie bien réelle, celle coffrée actuellement dans les comptes bancaires. Vos euros numériques, c’est de l’argent que vous déposerez dans un nouveau compte ouvert à la Banque Centrale Européenne, de la même manière que vous déposez actuellement de l’argent dans votre banque, à la Caisse d’Épargne ou au Crédit Agricole par exemple.
Aujourd’hui vous n’avez qu’une banque, peut-être deux, un deuxième compte dans une banque en ligne le plus souvent : dans ce cas vous virez de l’argent sur ce compte annexe depuis votre compte principal ; c’est ainsi que vous ferez pour créditer puis renflouer votre compte en euros numériques.
Une différence de taille étant que ce deuxième - ou troisième - compte à la BCE en euros numériques sera entièrement gratuit : aucun frais de tenue de compte ni service additionnel à vendre par la suite, sans « achats intégrés » comme on le voit dans des applications gratuites. Strictement un compte de dépôt muni d’un moyen de paiement.
Pas de billets de banque bien entendu puisque la vocation de ce compte est d’opérer comme du « cash » ou du « liquide » sous format numérique : avoir un compte sera gratuit, payer avec ce compte sera gratuit aussi.
C’est une offre très attirante et on comprend l’inquiétude des banques : elles craignent que leurs clients fassent migrer leurs dépôts vers ce compte en monnaie virtuelle auprès de la BCE.
Pourquoi les banques protestent contre le projet d’Euro numérique de la Banque Centrale Européenne ? Parce qu’il pourrait conduire leurs déposants à retirer massivement de l’argent de leur compte en banque !
Vous n’ouvrirez pas à proprement parler un compte courant en euros numériques, vous y ouvrirez plutôt un portefeuille. Vous ne pourrez pas y domicilier votre salaire ni vous en servir pour payer vos factures d’énergie ni vos abonnements Spotify ou Netflix par exemple.
Bien entendu, vous ne pourrez pas non plus faire un crédit à la consommation avec vos euros numériques. Ce serait d’ailleurs la possibilité de cacher un crédit en cours à la banque, ce qui vous rendrait suspect à ses yeux, pour une demande de prêt immobilier principalement.
Comme avec votre portefeuille contenant vos billets, votre monnaie ou votre carte bancaire, vous pourrez vous servir de votre portefeuille d’euros numériques pour payer diverses transactions, pour payer vos courses par exemple, ou n’importe quel autre produit au guichet d’un commerçant.
Il vous arrive déjà de payer votre café au comptoir avec votre carte bancaire numérique via votre téléphone portable. Vous vous servez alors d’un portefeuille mobile qui débite instantanément votre compte courant. Vous ferez de même avec votre portefeuille en euros numériques : vous paierez « sans contact », mais cette fois « sans banque » également !
De même qu’en retirant des billets au distributeur vous retirez de l’argent de votre compte en banque, donc de la banque elle-même, vous retirerez cette fois des euros de votre compte en banque pour les mettre non plus dans votre portefeuille physique mais dans votre portefeuille numérique : il suffira d’un simple virement.
De même que tous les billets et les pièces de monnaie en circulation sont dans votre poche, plus dans celle des banques - ni d’ailleurs dans la poche de la Banque Centrale Européenne – tous vos euros numériques échapperont à votre banque, cette fois au profit de la BCE en effet.
Au bout du compte, ce qui rentre dans la poche de l’un sort de la poche de l’autre. Ce qui rentrera dans le portefeuille ouvert auprès de la BCE sortira du compte ouvert auprès d’une banque commerciale, et c’est bien là tout le problème…
Cet argent ne sera plus en dépôt dans la banque !
Le métier d’une banque est de transformer les dépôts en prêts.
L’argent retiré de votre compte en banque, vous l’avez transformé soit en billets de banque soit en euros numériques : dans les deux cas, cet argent n’est plus en dépôt dans la banque.
La banque ne l’a plus, ne peut plus rien en faire, ne peut plus quant à elle transformer ces dépôts en prêts.
Moins de dépôts bancaires, c’est moins de capacité de financement pour les banques. Autrement dit : moins les banques ont d’argent en dépôt sur leur compte, moins elles peuvent prêter de l’argent à leurs clients. Dit encore autrement : l’Euro numérique menace l’activité principale des banques !
Pour faire crédit en effet, une banque transforme les dépôts courts terme en prêts long terme. Autrement dit, la banque se sert de l’argent déposé en banque par ses clients pour leur octroyer des prêts immobiliers par exemple.
L’argent déposé en banque est dit « court terme » parce qu’il peut être retiré à tout moment ; un prêt immobilier est dit long terme parce qu’il sera remboursé pendant un long moment. La durée d’un dépôt est imprévisible tandis que la durée d’un crédit est prédéfinie.
Non seulement l’argent déposé à court terme peut être retiré à tout moment, mais il peut être dépensé en un instant ! En tout cas il peut disparaître rapidement.
Le compte bancaire de base, appelé compte courant, permet de gérer les opérations financières quotidiennes, si bien qu’à la fin du mois, il peut ne plus rien rester sur le compte : du très court terme en effet !
Pourquoi un compte courant est désigné « dépôt à court terme » ?
Le terme « dépôt à court terme » est utilisé pour décrire les comptes courants en raison de la nature des fonds qui y sont déposés.
Les fonds sont disponibles à tout moment pour des transactions immédiates, ce qui signifie qu’ils ne sont pas immobilisés sur une longue période.
- Accessibilité immédiate : les fonds déposés sur un compte courant peuvent être retirés à tout moment sans préavis, ce qui le distingue des comptes à terme où les fonds sont bloqués pour une période déterminée.
- Utilisation quotidienne : le compte courant est utilisé pour les transactions courantes telles que le dépôt du salaire, le paiement des factures, les retraits d’espèces et les paiements par carte bancaire.
Ces caractéristiques expliquent pourquoi les comptes courants ne sont pas rémunérés par les banques.
Étant destinés à des opérations courantes, contrairement à de l’argent bloqué sur un compte d’épargne : la rémunération intervient en échange d’une immobilisation des fonds sur une longue période, donnant davantage de levier aux banques.
Pas de rémunération sans période de blocage : c’est pourquoi il arrive qu’un compte courant soit rémunéré, bien que faiblement, les banques voulant inciter leurs clients à conserver un maximum de fonds sur leur compte, autrement dit dans les comptes de la banque.
Mais c’est très rare, toujours occasionnel en tout cas, et l’on comprend pourquoi.
L’Euro numérique menace de vider les comptes détenus dans les banques !
C’est une perspective inquiétante alors que la mission des banques, donc en partie des comptes en banque, est de financer l’économie, notamment les projets immobiliers des déposants. C’est un manque à gagner pour les prêteurs, un manque à prêter également !
Surtout que la création de l’Euro numérique intervient au moment où Bâle IV est sur le point d’entrer en vigueur, le 1er janvier 2025. C’est pourquoi, lors de la dernière Assemblée Générale du Groupe Crédit Mutuel, son président Daniel Baal disait « attention aussi » à l’Euro numérique, associant les deux menaces.
Bâle IV : moins de prêts immobiliers dès 2025 ! Bâle IV va limiter la capacité des banques à octroyer des prêts immobiliers aux particuliers.
Une menace que l’Euro numérique pourrait encore aggraver en effet…
Objectifs de Bâle IV
Améliorer l’évaluation des risques bancaires et renforcer la stabilité financière des banques.
- Définir des règles de calcul des risques plus strictes pour les banques, en limitant leurs méthodes internes d’évaluation.
- Augmenter les exigences minimales en matière de fonds propres : plus de fonds propres en garantie des fonds prêtés.
Avec Bâle IV, les fonds propres exigés pour couvrir les prêts immobiliers sera multiplié par 2,5 !
Renforcement des fonds propres : les banques devront augmenter leurs réserves de fonds propres pour se conformer aux nouvelles exigences de Bâle IV.
Ces nouvelles exigences de fonds propres influenceront directement la capacité des banques à prêter en limitant les fonds disponibles pour les prêts et en augmentant le coût des crédits qu’elles octroient.
Impact de Bâle IV sur le crédit immobilier
- Accès au crédit plus restreint : en raison des exigences accrues en matière de fonds propres, les banques pourraient devenir plus sélectives dans l’octroi de crédits immobiliers. Cela pourrait limiter l’accès au crédit pour certains emprunteurs, notamment ceux présentant des profils de risque plus élevés.
- Conditions de prêt plus strictes : les banques pourraient imposer des conditions de prêt plus strictes, telles que des exigences plus élevées en matière d’apport personnel et des critères plus rigoureux pour l’évaluation de la solvabilité des emprunteurs.
- Coût du crédit immobilier : les coûts de financement pour les emprunteurs pourraient augmenter en raison des nouvelles exigences prudentielles. Les taux d’intérêt sur les prêts immobiliers pourraient être plus élevés pour compenser les coûts supplémentaires supportés par les banques.
Les nouvelles règles de Bâle IV visent à renforcer la stabilité financière des banques en augmentant les exigences en fonds propres et en limitant l’utilisation de modèles internes pour évaluer les risques.
Cependant, ces mesures pourraient également entraîner une augmentation des coûts de financement pour les emprunteurs et une réduction de l’accès au crédit immobilier, impactant ainsi le marché immobilier dans son ensemble.
Cette augmentation signifie que les banques devront immobiliser une part beaucoup plus importante de leurs fonds propres pour chaque prêt immobilier accordé.
En conséquence, cela réduit la capacité des banques à prêter, car une plus grande partie de leurs ressources financières sera bloquée pour satisfaire les exigences réglementaires.
La réduction des capacités de prêt affecte directement les particuliers cherchant à obtenir des prêts immobiliers. Les banques, confrontées à des exigences de fonds propres plus élevées, pourraient devenir plus sélectives dans l’octroi de crédits, augmentant les critères d’éligibilité et les taux d’intérêt pour compenser les coûts supplémentaires.
Bâle IV s’attaque à leurs fonds propres ; l’Euro numérique s’attaque à leurs dépôts, soit à leurs deux sources internes de financement. Pire : à leurs deux sources les moins chères ! Les moins chères parce que les fonds sont déjà chez elles.
Elles ont encore deux sources externes, mais elles sont plus chères : le marché interbancaire (les banques se prêtent de l’argent entre elles) et la Banque Centrale Européenne elle-même - qui par là-même augmente sa capacité de prêter aux banques grâce au détournement des dépôts de leurs clients… Les banques font de nouveaux crédits avec leurs dépôts ; la BCE leur fera crédit avec leurs anciens dépôts !
Sources internes : les banques prêtent de l’argent qu’elles détiennent. Sources externes : les banques prêtent de l’argent qu’elles empruntent. Dans ce deuxième cas, l’argent que vous lui remboursez, elles le remboursent elles-mêmes. Elles payent sur cet argent un taux d’intérêt, alors qu’elles ne payent pas d’intérêts sur l’argent que les clients déposent chez elles : elles ne rémunèrent pas les comptes courants, qu’elles peuvent placer au contraire.
Augmenter leurs contraintes en fonds propres et les menacer de réduire leurs dépôts , c’est baisser leur capacité de financement, c’est aussi renchérir leur propre coût de ressources puisqu’elles devront emprunter davantage de fonds à l’extérieur.
Autrement dit les prêteurs seront perdants sur toute la ligne, mais les emprunteurs aussi.
Il faut cependant relativiser l’impact que pourrait avoir une fuite des dépôts à cause de la création d’un portefeuille en euros numériques.
Par conséquent il faut relativiser aussi l’impact de l’Euro Numérique sur le crédit immobilier.
Une banque il est vrai n’est pas libre de prêter comme elle le veut, ni libre de prêter les montants qu’elle veut. Pour ainsi dire, les banques aussi ont un budget limité !
Limité par leurs propres moyens financiers, limité aussi par leurs propres arbitrages entre les enveloppes qu’elles veulent allouer aux divers types de projets à financer, suivant les clientèles ciblées.
Ce sont ses objectifs commerciaux, qui dépendent de sa politique commerciale mais également de ses moyens financiers, dans la limite des règles prudentielles édictées par les autorités.
Les banques ont des objectifs de production et c’est pourquoi une banque sera mieux placée qu’une autre pour les crédits immobiliers par exemple, suivant sa volonté de conquête d’une part, suivant son retard sur ses objectifs d’autre part, suivant son propre coût de ressource également.
Limitées encore par les règles prudentielles édictées par les autorités : HCSF, ACPR, Comité de Bâle, etc. Les banques sont extrêmement régulées, plus qu’elles ne l’ont jamais été. Des régulations qui influencent fortement la part que les banques consacreront au financement des projets immobiliers par exemple.
Pour mettre de l’argent à la disposition des emprunteurs, il faut que les prêteurs en disposent elles-mêmes. Si chaque client ouvre un portefeuille numérique en parallèle de son compte bancaire, ce sera de l’argent déplacé de ce compte à ce portefeuille. Il sort de l’un pour rentrer dans l’autre.
Or moins de dépôts bancaires, c’est moins de prêts immobiliers pour les particuliers !
La BCE a naturellement considéré ce problème. Et s’il y a bien une chose que nous savons de la BCE, c’est qu’elle n’est pas du genre à risquer la provocation d’une instabilité financière…
En réalité, elle a déjà prévu de limiter les montant déposés dans ce nouveau portefeuille, qui est bel et bien un compte courant, l’argent déposé y étant disponible, « liquide » comme on dit, à tout moment.
Les comptes en euros numériques seront plafonnés à 3000 €. Mais attention : cela ne signifie pas que vous pourriez virer 3000 € chaque mois sur ce compte. Dans ce cas oui, ce serait possiblement une hémorragie mortelle pour les banques !
Ce plafond signifie que votre compte ne pourra jamais dépasser 3000 € : vous aurez chaque mois jusqu’à 3000 € maximum sur ce compte. Si par exemple il vous reste 2000 euros numériques sur ce compte, vous pourrez y virer 1000 €, pas un euro de plus. Vous pourrez le vider ou bien le renflouer, jamais l’augmenter au-delà de cette somme.
Si chaque individu dépose 3000 € dans un compte BCE, ce sera 1 milliard d’euros en moins dans les banques ! Un montant impressionnant qu’il faut cependant modérer immédiatement.
D’abord cela ne signifie pas que les banques françaises auront 1 milliard de moins à prêter aux particuliers ou bien aux professionnels. Ce serait oublier les ratios de Bâle III. Et d’ailleurs, quand bien même il s’agirait d’un manque à prêter d’1 milliard, ce n’est rien comparé aux 70 milliards à prêter en moins suite à Bâle IV !
Rassurons encore les banquiers : tout le monde n’ouvrira pas un compte en euros numériques et tous ceux qui en ouvriront un n’y déposeront pas la somme autorisée maximum. Nous serons donc très loin du milliard domicilié ailleurs !
Et puis au passage : si l’argent liquide numérique menace tant le métier principal des banques, autrement dit le financement des entreprises, des professionnels et des particuliers, alors dans ce cas il faut supprimer aussi l’argent liquide physique !
Ce n’est pas l’Euro Numérique qui limitera le crédit immobilier !
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