Le crédit, ce n’est pas que le crédit immobilier

Par Fabrice Hamon le 3 mai 2023

La crise du crédit immobilier en particulier est une crise du crédit en général. Le crédit immobilier n’est qu’une partie d’un marché du crédit plus global.

Grosse demande de crédit !

Le crédit c’est bien plus que le crédit immobilier.

Non pas qu’il faille relativiser la crise du crédit immobilier que nous connaissons actuellement, un resserrement net initié en juillet 2022, lorsque la Banque Centrale Européenne a rehaussé une première fois ses taux directeurs, alors qu’ils étaient à 0% depuis dix ans !

Mais il est important de comprendre que le crédit immobilier n’est qu’une partie d’un système de crédit plus vaste, que nous vivons une crise plus large du crédit en général.

« Les banques sont trop prudentes. »

Aussi, lorsqu’Olivier Klein, Ministre du Logement, déclare que « les banques sont trop prudentes » et les incite à l’être moins, il parle comme si le crédit immobilier était le seul financement distribué par les banques.

Comme si la hausse des taux d’intérêts ne frappait de plein fouet que le marché immobilier alors qu’elle complique le financement de tous les secteurs d’activité.

Comme si les prêteurs n’étaient pas eux-mêmes des emprunteurs sur le marché du financement, les banques achetant actuellement au prix fort l’argent qu’elles revendent.

Comme si les banques n’étaient pas dangereusement exposées en ce moment à un risque de crédit accru sur tous les types de crédits distribués, autrement dit à un risque globalisé de défauts de paiements.

Comme si les conditions d’octroi n’avaient pas déjà été bridées et rendues plus prudentes par les limitations de taux d’endettement et de durée de prêt dictées par le HCSF, Haut Conseil de Stabilité Financière, organe de la Banque de France.

Comme si la tarification des banques françaises n’était pas sous l’influence de la politique de taux directeurs de la Banque Centrale Européenne, contrainte elle-même par le taux d’inflation, influenceur majeur des taux d’intérêts.

Comme si, enfin, la BCE était souveraine, sans l’influence des autres Banques Centrales ni la pression des marchés financiers, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières.

Un marché du crédit immobilier intégré au marché du financement

Le crédit immobilier fait partie d’un marché économique global et s’inscrit dans le cadre plus large du marché du financement.

Ce marché du financement englobe diverses sources de financement pour les particuliers, les entreprises et les gouvernements.

Tantôt l’argent disponible est abondant, tantôt il est rare ; actuellement il se raréfie, partout il se contracte. Les banques prêtent moins : à moins d’emprunteurs et moins d’argent à chacun.

Si les emprunteurs pour un projet immobilier sont moins nombreux, c’est parce que le levier du crédit manque pour tous les types de projet. En d’autres termes, si le crédit n’irrigue plus le marché immobilier, c’est parce qu’il n’afflue plus sur aucun marché. Les taux ont augmenté pour tous les emprunteurs, pas seulement pour les porteurs d’un projet immobilier.

Si emprunter coûte plus cher, c’est parce que prêter coûte plus cher également, beaucoup plus cher qu’avant. L’argent est abondant lorsqu’il est bon marché, autant pour l’emprunteur que pour le prêteur. L’argent est rationné lorsqu’il est plus cher, autant pour le prêteur que pour l’emprunteur.

Plus l’argent est cher, moins il est demandé, moins il est emprunté, moins il est prêté, moins il est distribué. Moins d’emprunteurs pourront rembourser des mensualités plus élevées ; moins de prêteurs accepteront de financer alors que le risque est plus élevé que ses prêts ne soient pas remboursés.

N’oublions jamais qu’une banque a deux prêts à considérer : celui qu’on lui demande et celui qu’elle a déjà accordé. Les encours et les futurs crédits. En face, l’emprunt qu’elle va souscrire elle-même et celui qu’elle a déjà souscrit pour prêter, auprès des banques centrales, sur le marché inter-bancaire ou sur les marchés financiers.

Un prêt immobilier long terme par exemple, pour lequel elle a en outre emprunté ou va emprunter sur du court terme, avec une marge entre les deux taux qui sera variable sur toute la durée du prêt. Une marge imprévisible à laquelle la banque doit ajouter le risque d’un nombre de défauts de paiements trop important, ce qui est plus probable lorsque les taux sont plus élevés.

Les crédits immobiliers ne bénéficient pas d’un taux à part, indépendant du marché des taux ni du risque de crédit, sur lequel une banque aurait toute latitude en fonction du volume des dépôts qu’elle détient. Tout l’argent déposé sur ses comptes, toute l’épargne collectée, ne suffisent pas à satisfaire les besoins en financement de ses clients, d’autant moins qu’elles doivent prévoir de faire face à l’hypothèse d’un retrait massif de ses déposants, soit parce qu’ils paniquent, soit parce qu’ils ont trouvé ailleurs un meilleur rendement.

Nous voyons à quel point faire crédit est une opération complexe qui ne dépend pas d’un seul type d’actif à financer, par exemple un bien immobilier. Le crédit immobilier fait partie d’un tout, qui l’infléchit grandement, bien qu’elle en soit un élément constituant important.

Un marché du crédit immobilier qui dépend des marchés financiers

Le financement immobilier fait partie d’un marché du financement plus vaste, appelé marché du crédit ou marché financier.

Le marché du financement englobe l’ensemble des activités, des institutions et des mécanismes qui permettent de mettre en relation les agents économiques ayant des besoins de financement, les emprunteurs, avec ceux disposant de capitaux à investir, les prêteurs.

Le financement immobilier est une composante importante de ce marché, car il permet aux particuliers, aux entreprises et aux institutions d’acquérir, de construire ou de rénover des biens immobiliers. Il comprend des prêts hypothécaires, des crédits-baux immobiliers, des prêts immobiliers commerciaux et des financements de projets immobiliers.

La distribution des crédits immobiliers fait partie d’un marché du financement plus vaste pour plusieurs raisons :

  • Interconnexion des marchés financiers : les différents types de crédits, y compris le crédit immobilier, sont liés aux marchés financiers mondiaux. Les taux d’intérêt, par exemple, sont influencés par les politiques monétaires des banques centrales, qui cherchent à réguler l’inflation et la croissance économique. Ainsi, les variations des taux directeurs ont un impact sur les coûts de financement et, par conséquent, sur les conditions d’octroi des crédits, dont font partie les crédits immobiliers mais dont ils ne sont qu’une partie.
  • Interconnexion avec d’autres segments de marché : le financement immobilier est lié à d’autres segments du marché financier, tels que les marchés obligataires, les actions, les produits dérivés et les placements collectifs. Par exemple, les banques et autres institutions financières peuvent émettre des titres adossés à des créances hypothécaires (MBS) pour financer leurs portefeuilles de prêts immobiliers.
  • Investissement et épargne : le marché du financement est également étroitement lié aux marchés de l’investissement et de l’épargne. Les investisseurs institutionnels et individuels peuvent choisir d’investir dans des produits financiers liés au crédit immobilier, tels que les obligations hypothécaires ou les titres adossés à des créances hypothécaires. De plus, l’épargne des particuliers est souvent utilisée par les banques et les institutions financières pour financer les prêts immobiliers.
  • Impact économique : le marché immobilier et le financement immobilier ont un impact significatif sur l’économie en général, car ils influencent la demande de logements, la construction, l’emploi, la consommation et l’investissement. Les fluctuations du marché immobilier peuvent avoir des répercussions sur le marché financier et sur l’ensemble de l’économie.
  • Financement des entreprises et de l’économie réelle : le crédit immobilier joue en effet un rôle dans le financement des entreprises et de l’économie en général. Les entreprises du secteur de la construction, par exemple, ont besoin de financement pour réaliser leurs projets immobiliers. En outre, la santé du marché immobilier a un impact direct sur la croissance économique, l’emploi et la stabilité financière.
  • Politiques monétaires et réglementations : les politiques monétaires et les réglementations des gouvernements et des banques centrales, telles que les taux d’intérêt, influencent également le marché du financement immobilier. Ces politiques visent souvent à stimuler ou à freiner l’activité économique et peuvent avoir un impact direct sur les conditions de financement immobilier.
  • Régulation et supervision : le marché du financement, y compris le crédit immobilier, est en effet soumis à des régulations et à une supervision de la part des autorités financières nationales et internationales. Ces régulations visent à garantir la stabilité du système financier, à protéger les consommateurs et à prévenir les crises économiques.
  • Risque et diversification : les investisseurs recherchent souvent à diversifier leurs portefeuilles en investissant dans différentes classes d’actifs, dont l’immobilier. Le financement immobilier offre aux investisseurs la possibilité de diversifier leurs investissements et de gérer leurs risques, en participant à la fois au marché immobilier et par extension aux marchés financiers.
  • Diversité des acteurs du marché du financement : le marché du financement est constitué d’une multitude d’acteurs, tels que les banques, les sociétés de crédit, les institutions financières non-bancaires, les fonds d’investissement et les plateformes de financement participatif. Ces acteurs interagissent et sont en concurrence pour offrir des solutions de financement adaptées aux besoins des emprunteurs, y compris dans le domaine du crédit immobilier.

Nous le voyons, le financement immobilier est tout aussi influent qu’il est influencé. Nous voyons surtout qu’il est une énorme goutte dans un énorme océan.

Il est un élément clé du marché global du financement en raison de son interconnexion avec d’autres segments de marché et de son impact économique. Mais il n’est qu’un élément dépendant des politiques monétaires et réglementaires qui l’influencent directement en même temps qu’il ne tient qu’un rôle secondaire dans la gestion des risques et la diversification des investissements.

Les interdépendances entre les différents types de crédits, les acteurs du marché et les mécanismes de régulation soulignent l’importance de considérer le crédit immobilier comme faisant partie intégrante d’un marché plus vaste, animé par une multitude de corrélations.

Le crédit immobilier est effectivement intégré dans un marché économique global et plus spécifiquement dans un marché global du financement. L’argent qui lui est alloué subit les mêmes compressions que l’ensemble des autres marchés, tout aussi gourmands.

Il subit les mêmes restrictions, de même qu’il bénéficia comme les autres de financements abondants, lorsque les taux directeurs étaient à 0% et les taux d’intérêts à 1%. L’argent ne coulait pas à flots, il pleuvait à torrents !

Digue refermée l’été dernier. Le fleuve est aujourd’hui asséché. Cela signifie qu’il n’y a plus assez d’argent pour tout le monde et beaucoup moins pour chacun. Au temps de l’argent gratuit, c’est comme si les poches des uns se vidaient à volonté pour remplir les poches des autres à leur guise. Il semblait même qu’il n’y avait pas assez de bouches à nourrir ! Aujourd’hui il y en a trop.

L’argent s’est raréfié ; le liquide s’est évaporé ; l’offre et la demande de crédits se sont volatilisées.

Crise systémique du crédit

La crise actuelle du crédit immobilier doit donc être analysée dans ce contexte d’une crise plus large du crédit en général.

La crise du crédit immobilier est souvent associée à des bulles immobilières, des prêts hypothécaires à risque et des pratiques de prêt laxistes qui ont conduit à des défauts de paiement et à des saisies.

Toutefois, ces problèmes ne sont pas isolés au marché immobilier et peuvent être liés à des problèmes plus globaux dans le système de crédit. Le crédit immobilier fait partie du système.

Aussi, quand se présente une crise du crédit immobilier, il s’ensuit une crise systémique du crédit ; quand se présente une crise systémique du crédit, il s’ensuit une crise du crédit immobilier. Pour ainsi dire : c’est systématique !

Une crise systémique du crédit est une situation où l’ensemble du système financier est menacé par une défaillance généralisée des prêts, des prêteurs et des emprunteurs. Elle se caractérise par un manque de confiance entre les institutions financières, une augmentation massive des défauts de paiement et une contraction du crédit disponible.

Elle naît de l’apparition - ou de la crainte - d’un endettement excessif. Lorsque les emprunteurs, y compris les ménages et les entreprises, sont excessivement endettés, cela augmente logiquement le risque de défaut de paiement. Si un grand nombre d’emprunteurs ne sont plus en mesure de rembourser leurs dettes, cela peut provoquer une crise systémique du crédit.

La défaillance d’une institution financière majeure, celle d’une grande banque par exemple, peut aussi entraîner une perte de confiance dans le système financier et provoquer un effet domino, où d’autres institutions financières rencontrent ou se découvrent également des problèmes de solvabilité et de liquidité.

Pour prévenir et gérer les crises systémiques du crédit, les gouvernements et les banques centrales peuvent réagir très vite, comme ce fut le cas dernièrement suite à l’éclatement de la Silicon Valley Bank, pour éviter une contamination aux autres banques. Elles peuvent réagir plus lentement et profondément, mettant en place des politiques macroprudentielles, des régulations financières plus strictes et des mécanismes de surveillance.

Les facteurs qui peuvent contribuer à une crise systémique du crédit sont nombreux :

  • Taux d’intérêt bas : des taux d’intérêt trop bas en raison d’une politique monétaire trop accommodante peuvent encourager la prise de risques et le surendettement, ce qui peut rendre le système financier vulnérable.
  • Taux d’intérêts élevés : des taux d’intérêt trop élevés peuvent affecter la capacité des emprunteurs à rembourser leurs dettes, la rentabilité des banques et la stabilité des marchés financiers, ce qui peut provoquer une fuite des capitaux ainsi qu’une récession économique.
  • Dérégulation financière : la dérégulation financière peut permettre aux banques et aux institutions financières de prendre des risques plus importants dans leurs pratiques de prêt, conduisant potentiellement à une instabilité du marché.
  • Prêts non performants : lorsque les emprunteurs ne peuvent pas rembourser leurs dettes, cela peut avoir un impact négatif sur la santé financière des prêteurs et entraîner des problèmes de liquidité dans le système financier.
  • Titrisation : la titrisation de divers types de prêts, y compris les prêts hypothécaires, peut conduire à la création d’instruments financiers complexes et opaques, rendant difficile l’évaluation des risques et augmentant la probabilité d’une crise financière.
  • Interdépendance du système financier : les institutions financières sont liées les unes aux autres par des engagements de crédit, des prêts et des investissements. Cela peut propager les problèmes d’une institution à d’autres et amplifier les effets d’une crise du crédit.
  • Confiance des investisseurs : lorsque les investisseurs perdent confiance dans la solvabilité des emprunteurs ou des institutions financières, cela peut entraîner une contraction du crédit, ce qui rend plus difficile pour les entreprises et les ménages d’accéder au financement.

Tous ces facteurs peuvent interagir et se renforcer mutuellement, créant un environnement où les problèmes du marché immobilier sont exacerbés par les problèmes plus larges du système de crédit.

Le crédit immobilier, un crédit parmi d’autres

Le crédit est un concept financier qui englobe bien plus que le crédit immobilier.

Le crédit immobilier lui-même n’est qu’un produit financier, un mode et un type de financement parmi de nombreux autres.

Faire crédit est un mécanisme par lequel une institution financière (comme une banque) prête de l’argent à un emprunteur (particulier ou entreprise) qui s’engage à rembourser la somme empruntée avec des intérêts.

Il existe plusieurs types de crédits, chacun ayant ses propres caractéristiques, conditions et objectifs.

Commençons par une liste des crédits qui nous sont les plus familiers.

  • Crédit immobilier : il s’agit du prêt accordé pour financer l’achat, la construction ou la rénovation d’un bien immobilier, que ce soit une résidence principale, secondaire ou un investissement locatif. Les conditions et les taux d’intérêt dépendent de la durée du prêt, du montant emprunté et de la situation financière de l’emprunteur.
  • Crédit à la consommation : il s’agit d’un prêt accordé aux particuliers pour financer des biens ou services de consommation courante (télévision, équipement ménager, etc.), ou encore des vacances, un voyage ou un mariage. Les crédits à la consommation peuvent prendre différentes formes, comme le crédit renouvelable, le prêt personnel ou encore le crédit affecté. Par exemple, un crédit renouvelable permet aux emprunteurs de disposer d’une réserve d’argent pour financer des projets mais aussi pour faire face à des dépenses imprévues.
  • Crédit automobile : un type spécifique de crédit à la consommation destiné à financer l’achat d’un véhicule, neuf ou d’occasion. Les conditions et les taux d’intérêt varient selon le type de véhicule, l’âge et la situation financière de l’emprunteur.
  • Crédit étudiant : ce crédit permet aux étudiants de financer leurs études supérieures, y compris les frais de scolarité, le logement, les fournitures et autres dépenses liées à leur formation. Les conditions de remboursement sont généralement plus souples, avec un différé de remboursement et des taux d’intérêt souvent plus bas.
  • Crédit vendeur : type de financement où le vendeur accorde un prêt directement à l’acheteur, sans passer par un établissement financier. Ce type de financement est souvent utilisé lorsque l’acheteur a des difficultés à obtenir un prêt traditionnel ou lorsque le vendeur souhaite faciliter la vente. Le vendeur exige généralement un acompte moins important que celui requis par les banques. À l’acheteur, il offre un financement plus flexible et potentiellement moins coûteux. Au vendeur, il offre un revenu supplémentaire sous forme d’intérêts.
  • Crédit professionnel : ce type de crédit s’adresse aux entreprises et aux entrepreneurs qui souhaitent financer leur activité professionnelle. Il existe différentes formes de crédits professionnels, tels que les crédits d’investissement, les crédits de trésorerie ou les crédits-bails. Ces prêts sont adaptés aux besoins spécifiques de chaque entreprise et tiennent compte de leur situation financière, de leur secteur d’activité et de leur plan de développement. Un crédit-bail, par exemple, permet aux entreprises d’utiliser un bien (équipement, véhicule, etc.) pendant une période déterminée, en versant des loyers, avec la possibilité de l’acquérir à la fin du contrat.
  • Prêts syndiqués : il s’agit de prêts accordés conjointement par un groupe d’institutions financières à une entreprise ou à un gouvernement pour financer un projet spécifique, une acquisition ou une opération de refinancement. Les banques participant au prêt syndiqué partagent les risques et les bénéfices associés au prêt.
  • Crédit commercial : il s’agit d’un crédit accordé aux entreprises pour financer leurs besoins à court terme, comme le financement des stocks, des créances clients ou des dépenses d’exploitation.
  • Microcrédit : le microcrédit est un prêt de faible montant accordé à des individus ou à des micro- entreprises qui n’ont pas accès aux services financiers traditionnels. Il a pour objectif de lutter contre la pauvreté et de favoriser l’entrepreneuriat en offrant des solutions de financement accessibles.

À eux seuls, tous ces marchés sont considérables et suffisent à démontrer la diversité du crédit.

Et lorsque le marché du crédit immobilier est touché, ce sont en réalité tous ces marchés qui sont touchés, c’est le marché du crédit dans sa totalité qui est affecté, pas seulement la partie financement immobilier.

Une partie énorme en soi qui pourtant représente peu encore si on la compare maintenant à la masse d’argent prêtée via des véhicules qui cette fois nous sont beaucoup moins familiers.

Le crédit comme produit financier

Nous l’avons dit et redit, le crédit immobilier fait partie d’un marché économique global et plus spécifiquement d’un marché global du crédit.

Mais dans une ampleur que nous aurions du mal à imaginer ! Une ampleur telle que si nous en faisons une nouvelle liste d’ailleurs non exhaustive, nous nous figurerons mieux la nature systémique de la crise actuelle du crédit.

Jusqu’ici, nous nous sommes représentés le crédit comme un outil financier polyvalent qui permet de financer divers projets et besoins, que ce soit pour les particuliers, les entreprises ou les professionnels. Ce qui nous donne déjà une bonne idée de la grande variété de crédits disponibles sur le marché. Mais pour ainsi dire : rien de plus classique.

Il existe pourtant pléthore d’autres types de crédits qui bien que moins connus sont tout aussi courants, qu’ils soient régulièrement distribués par des banques ou tout aussi quotidiennement en dehors de toute intermédiation bancaire, parmi lesquels, par exemple, des financements appelés alternatifs.

Le crédit opère aussi sur les marchés financiers. Les prêts entre institutions financières ou acteurs financiers sont courants. Ici aussi l’argent circule beaucoup, sous de multiples formes, massivement, parfois très vite ; attention ça se complique !

  • Crédit souverain : ce type de crédit est accordé par des institutions financières internationales ou des gouvernements à d’autres États pour financer des projets de développement ou pour soutenir leur économie.
  • Titres de créance : ce sont des instruments financiers émis par les entreprises, les gouvernements ou les institutions financières, comme les obligations, les billets de trésorerie ou les bons du Trésor, qui représentent une dette à rembourser à une date ultérieure. Les investisseurs qui achètent ces titres sont essentiellement des prêteurs pour les émetteurs.
  • Prêts interbancaires : il s’agit de prêts à court terme accordés entre les banques pour gérer leur liquidité et répondre à leurs besoins de financement quotidiens. Les taux d’intérêt de ces prêts sont souvent déterminés par des taux de référence tels que le LIBOR ou l’EONIA.
  • Repo (Pension livrée) : un accord de rachat (repo) est une opération de prêt à court terme, généralement de quelques jours à quelques mois, dans laquelle une institution financière vend des titres à un autre acteur financier avec l’accord de les racheter à une date ultérieure à un prix convenu. Cela fonctionne essentiellement comme un prêt garanti par des titres.
  • Lignes de crédit bilatérales : ce sont des accords de prêt entre deux institutions financières, généralement une banque et un autre acteur financier, comme une entreprise ou un fonds d’investissement. Les conditions de ces prêts sont négociées individuellement entre les parties.
  • Prêts participatifs : il s’agit de prêts accordés par un groupe d’investisseurs institutionnels, tels que des fonds de pension, des compagnies d’assurance ou des fonds d’investissement, à une entreprise. Ces prêts sont souvent subordonnés à d’autres dettes et peuvent inclure des caractéristiques de participation aux bénéfices.
  • Prêts bilatéraux entre banques centrales : les banques centrales peuvent accorder des prêts à d’autres banques centrales pour les aider à gérer leur liquidité ou à faire face à des crises financières. Ces prêts peuvent être assortis de conditions spécifiques et être utilisés pour soutenir la stabilité financière globale.
  • Prêts entre fonds d’investissement : les fonds d’investissement, tels que les fonds spéculatifs ou les fonds de capital-investissement, peuvent également accorder des prêts à d’autres acteurs financiers, souvent dans le cadre de transactions de financement structuré ou d’opérations d’arbitrage.
  • Prêts entre institutions financières non bancaires : les institutions financières non bancaires, telles que les sociétés de financement ou les compagnies d’assurance, peuvent également accorder des prêts à d’autres acteurs financiers pour diverses raisons, notamment pour diversifier leurs portefeuilles d’investissement ou pour répondre à des besoins spécifiques de financement.
  • Financement participatif (crowdfunding) : les plateformes de financement participatif permettent aux particuliers et aux entreprises de lever des fonds auprès d’un grand nombre d’investisseurs, généralement via Internet. Il existe plusieurs types de financement participatif, tels que le financement basé sur les dons, les récompenses, l’investissement en capital ou les prêts entre particuliers (P2P).
  • Prêts entre particuliers (P2P) : les plateformes de prêts P2P mettent en relation les emprunteurs et les investisseurs sans passer par une institution financière traditionnelle. Les investisseurs prêtent directement aux emprunteurs et perçoivent des intérêts sur les prêts accordés.
  • Capital-risque et capital-investissement : ces sociétés fournissent des financements aux entreprises en échange d’une participation au capital. Le capital- risque se concentre généralement sur les jeunes entreprises à fort potentiel de croissance, tandis que le capital-investissement investit souvent dans des entreprises matures pour les restructurer ou les développer.
  • Financement par les fournisseurs : dans ce type de financement, les fournisseurs offrent des conditions de paiement flexibles ou des prêts à court terme à leurs clients pour les aider à acheter des biens ou des services. Cela peut aider les entreprises à préserver leur trésorerie et à mieux gérer leurs flux de trésorerie.
  • Affacturage : l’affacturage est un moyen pour les entreprises de vendre leurs factures impayées à une société d’affacturage, qui avance ensuite un pourcentage du montant total des factures. Cela permet aux entreprises d’accéder rapidement à des liquidités et de réduire les risques liés aux créances impayées.
  • Financement par obligations ou titres de créance privés : les entreprises peuvent émettre des obligations ou des titres de créance privés pour lever des fonds auprès d’investisseurs institutionnels ou d’investisseurs qualifiés. Ces titres peuvent être structurés pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises et des investisseurs.
  • Crowdlending : le crowdlending est une forme de financement participatif basée sur les prêts, dans laquelle les investisseurs prêtent de l’argent à des entreprises ou à des projets en échange d’un rendement sous forme d’intérêts.
  • Royalties ou financement par redevances : ce type de financement implique qu’un investisseur fournit des capitaux à une entreprise en échange d’une part des revenus futurs de l’entreprise, souvent liés à la vente d’un produit ou d’un service.
  • Financement par crypto-monnaies ou tokens : les entreprises peuvent également lever des fonds en émettant des crypto-monnaies ou des tokens. Entre autres le fameux Bitcoin. Et nous entendons déjà parler de tokenisation du financement immobilier…

Le crédit, ce n’est pas que les banques. Le financement alternatif, en dehors du système bancaire traditionnel, est aussi très puissant.

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