Par Fabrice Hamon le 27 septembre 2022
L’assurance emprunteur coûte plus chère si elle est souscrite en banque. Pourquoi les emprunteurs préfèrent payer plus cher leur assurance de prêt ?
Depuis le 1er septembre, la loi Lemoine permet à tous les emprunteurs de résilier et changer leur assurance de prêt. De souscrire un contrat moins cher ; de baisser d’un coup la mensualité de leur emprunt !
En situation inflationniste, l’occasion de baisser le prix d’un produit est franchement une bonne nouvelle, payé mensuellement qui plus est. Nul doute - a priori - que les emprunteurs vont se saisir de cette liberté et se sauver massivement.
Branle-bas de combat chez les assureurs : ils vont assaillir les navires sous pavillon bancaire pour embarquer les évadés et s’emparer du magot. Du moins en rêvent-ils, la bataille navale à venir risquant de les laisser défaits…
Dans notre article précédent, nous évoquions les raisons psychologiques qui expliquent pourquoi les banques dominent et domineront encore le marché de l’assurance emprunteur. Dans ce second article, nous en exposons les raisons morales, plus trompeuses mais plus puissantes encore que les premières !
Pour résumer la situation en une phrase : les assurés et les assureurs n’ont pas les mêmes valeurs ; les assurés ont les mêmes valeurs que les banquiers.
Et pour résumer ces valeurs en un mot, attention mot magique : mutualisme.
Face au petit nombre de banques se dresse pourtant une armée d’assureurs pour lui contester le large territoire occupé.
Une multitude de concurrents dont la liberté d’expression est illimitée et qui fait entendre sa voix. Des rivaux qui certes manquent d’un porte-parole discret au parloir des parlementaires, mais qui ont pignon sur rue et pignon sur internet. Une puissance de feu pour capter l’attention des clients des banques.
C’est pourquoi le sénateur Daniel Gremillet pouvait déclarer avant le vote de la réforme de la députée Patricia Lemoine, que « la concurrence existe bien déjà sur ce marché et fonctionne bien », malgré des chiffres évocateurs qui semblaient montrer le contraire.
En effet, si l’adversité semble inexistante, les adversaires existent bel et bien. Dont des compétiteurs reconnus, qui équipent par ailleurs ces mêmes clients pour assurer une voiture, pour assurer une habitation, parfois pour assurer un chat ou un chien. Pourquoi ces clients ne choisissent pas leur agent habituel pour assurer un prêt ?
D’évidence, si les emprunteurs ne quittent pas leur banque, c’est qu’ils n’ont pas envie d’aller voir ailleurs. C’est qu’ils estiment que son produit est meilleur et c’est pourquoi ils acceptent qu’il soit plus cher.
Là où les députés virent un empêchement de faire jouer la concurrence, les sénateurs observèrent au contraire une concurrence exacerbée, un marché déjà libéralisé de nombreuses fois, un large choix offert aux emprunteurs, une bataille en règle que les banques n’avait que le tort de gagner systématiquement.
Surtout que les assureurs ne sont pas en manque de lois pour les soutenir : dix années de tentative de sauvetage tout de même depuis la première loi Lagarde. Si malgré ces secours en haut lieu les assureurs ne parvinrent jamais à capturer des clients, c’est qu’ils leurs lançaient des filets de moins bonne qualité que ceux des banques. Une Loi Lemoine ou Tartempion demain n’y changeront rien : les emprunteurs continueront de s’assurer chez les prêteurs.
Pourquoi la banque n’aurait-elle pas ce droit de régner sur un marché, si elle répond mieux aux besoins des emprunteurs ? Si elles sont plus chères, n’est-ce pas parce qu’elles retournent plus de valeur aux clients ?
Pourquoi une domination sans partage, alors que ce marché est extrêmement disputé par pléthore d’assureurs spécialisés, conviviaux et compétents ? Oui pourquoi les banques s’imposent dans l’assurance emprunteur ? Sinon invincibles, comment se sont-elles rendues inattaquables ? Que le meilleur gagne comme on dit ! Si la banque gagne, c’est qu’elle est meilleure, point barre !
Qu’on n’ait plus à le redire : pour occuper aussi amplement un marché et se hisser à un tel niveau de captation, il faut avoir remporté la confiance des clients.
Un monopole ne s’obtient pas par la contrainte. Ce serait du jamais vu…
On l’oublie mais cette réforme n’est pas passée comme une lettre à la poste. Ou plutôt si, quand on connaît La Poste…
Le but de la proposition de loi portée par la députée Patricia Lemoine était de permettre aux emprunteurs d’accéder plus facilement à de meilleurs tarifs pour l’assurance de leur prêt immobilier. D’endiguer une supposée obstruction des banques ; d’interrompre une pratique réputée anti-concurrentielle.
Les députés ont dit oui d’emblée, les sénateurs ont dit non deux fois. En effet, si les sénateurs ont fini par voter la loi, ils s’y sont d’abord opposés. Et Dieu sait comme ils ne se laissèrent pas impressionner par les caricatures ni les suspicions de voter sous l’influence d’un lobby fantôme dépêché par les banquiers.
L’Assemblée Nationale c’est la passion, le Sénat c’est la raison. Les députés sont des agités, les sénateurs sont des sages. N’étant pas élu par le peuple, un sénateur est forcément plus intelligent qu’un député… C’est pourquoi il faut l’écouter et lui faire confiance.
S’ils ont d’abord rejeté la réforme, laquelle semblait à tous relever du bon sens, ce fut donc après étude, réflexion, raisonnement. « Nous ne travaillons pas ici pour les lobbys », avait réagi la sénatrice Sophie Primas. Pourquoi ne pas la croire ? Les sénateurs ne défendaient pas l’intérêt des banques, ils défendaient l’intérêt de leurs clients.
Manifestement, au vu de la part de marché conquise par les banques, ces clients ont dû considérer que leur intérêt était de s’assurer chez leur prêteur. Et s’ils se tournent vers un produit plus cher, c’est qu’il est forcément meilleur. Forts de ce constat, les sénateurs déduisirent à leur tour que les assurances des banques devaient être supérieures à celles des assureurs indépendants, sans quoi elles n’équiperaient pas une majorité d’emprunteurs.
Une assurance de prêt étant une protection pour les emprunteurs, l’adhésion massive aux contrats proposés par les banques est la démonstration que les banques protègent mieux les emprunteurs.
Nous le voyons, tout cela est très logique et prouve l’injustice du procès qui leur fut fait à l’époque : c’est moins pour la banque que pour le modèle bancaire que les sénateurs luttaient. La raison profonde de leur opposition était là et c’est pourquoi ils résistèrent d’abord à la Loi Lemoine.
Leur crainte était de voter la décomposition d’un modèle qui explique - et justifie - en grande part le règne des banques : le mutualisme, la solidarité entre les assurés, l’inclusion des emprunteurs les moins assurables.
Aussi, lorsque de guerre lasse ils cédèrent et votèrent la réforme, les sénateurs ont-ils rappelé, la main sur le cœur, de concert avec les banques, qu’ils seraient très vigilants sur la protection des emprunteurs partis s’assurer dehors. C’est d’ailleurs à n’y rien comprendre, les députés ayant argué eux aussi de la protection des emprunteurs pour imposer la loi Lemoine aux banques…
Il est vrai que l’emprunteur court un grand danger à l’extérieur de la banque : les ruelles y sont pleines d’assureurs sans scrupules qui n’en veulent qu’à sa bourse et qui comptent bien ne jamais débourser un euro pour le couvrir d’un pépin.
Finalement nous avions d’un côté banquiers et sénateurs militant pour un modèle mutualiste, de l’autre assureurs et députés défendant un modèle individualiste. Les gentils et les méchants.
Les assureurs aimeraient farcir leurs revenus de l’argent des banquiers. Les courtiers aussi.
Actuellement ils n’assurent qu’un emprunteur sur dix, autant dire les restes - des gens trop aisés ou des gens trop malades - que les banques veulent bien laisser à ces chiffonniers !
Les banques détiennent en effet quasiment 90% du marché de l’assurance emprunteur. Un plébiscite ! Les consommateurs votent avec leurs pieds et un tel score est un argument fort en faveur de l’assurance maison des banques.
Comment serait-il possible qu’une telle majorité écrasante d’emprunteurs n’aient pas librement choisi l’assurance de prêt que leur banquier leur a soumise ?
Imaginons la scène : l’emprunteur est face à son conseiller, il a bien voulu faire le déplacement dans son agence ; ce dernier lui accorde le prêt, un doigt sur le bouton pour éditer l’offre sur le champ, un autre sur la gâchette d’une hausse du taux d’intérêt si son assurance n’est pas souscrite en échange. Pourquoi perdre du temps et de l’argent ?
N’y voyez pas une pratique douteuse… C’est simplement que le banquier, du haut de son devoir de conseil, veut absolument que vous soyez bien assurés. Il veut vous offrir les meilleures garanties contre les aléas de la vie durant les 10, 15, 20, 25 années qui vont suivre. Ce n’est que mise en garde contre un mauvais produit concurrent auquel vous seriez tenté de souscrire parce qu’il est moins cher. Noble n’est-ce pas ?
Les emprunteurs sont des individus responsables et rationnels : ils sont adultes (et vaccinés…), ils savent qu’ils peuvent entretemps décéder, devenir invalides ou tomber en incapacité temporaire de travailler. Car la vraie menace dont le défend le banquier est bien celle-ci : ne plus pouvoir rembourser son prêt immobilier !
Voilà pourquoi les emprunteurs réclament en foule et applaudissent en toute autonomie les garanties cuisinées dans les banques. Ils veulent être parfaitement couverts et leur conseiller bancaire les a logiquement convaincus que son parapluie était le plus protecteur. Certes aussi le plus cher. Mais comment voulez-vous qu’une assurance moins chère assure mieux un cotisant ? Modèle économique bien hasardeux…
Une question cependant : pourquoi les banques se sont-elles opposées à la Loi Lemoine ? Cette adhésion massive à leur assurance de prêt est un signe d’excellence. Les banquiers n’auraient pas dû craindre une plus grande licence de comparer. Ils devraient avoir confiance en eux : d’évidence leur contrat est une offre qui ne se refuse pas et de fait, quasiment personne ne la refuse. Seulement dix pourcents d’entre eux font les malins. Des inconscients qui insultent l’avenir et bravent le destin.
Les sénateurs auraient donc pu libéraliser ce marché sans même s’y intéresser de près ou de loin : aucun risque que les emprunteurs choisissent volontairement une moins bonne assurance en dehors de la banque prêteuse. Ils en avaient déjà la possibilité durant les douze premiers mois du crédit : ont-ils résilié pour autant ? Ils en eurent encore la possibilité une fois par an pendant toute la durée du prêt : qui oublie une date anniversaire ? Les emprunteurs ne sont nullement oublieux de leur intérêt.
Si les emprunteurs n’ont pas résilié leur assurance de prêt souscrite en banque, c’est qu’il y a une raison ! Alors pourquoi s’inquiéter ? L’assurance groupe de la banque est tellement supérieure qu’elle se vendrait sans conseiller…
Ô parlementaires, vous eûtes bien raison d’ouvrir la concurrence - ça ne changera rien à la préférence si manifeste des assurés pour les banques !
Pourquoi les banques dominent le marché de l’assurance emprunteur ?
Aucun doute que l’empire de la banque sur le marché de l’assurance de prêt immobilier ne soit l’effet de la libre décision des emprunteurs. Aucune pression, aucune complexité, aucune opacité à dénoncer ni redresser.
L’urticante association UFC-Que-Choisir eut mauvais jeu de suspecter la défense d’une manne financière pour les banques avec une marge évaluée à 68%… Les banques ne protègent pas leur argent, elles protègent les gens ! Et pour protéger les gens, il leur faut de l’argent ! Moindre rentabilité pour la banque, moins de sécurité pour les gens.
Et ça les gens l’ont bien compris. Pourquoi les emprunteurs ne résilient pas leur assurance de prêt ? Parce que les banquiers et leurs clients partagent les mêmes valeurs : des valeurs qui ne sont pas sans rappeler l’esprit civique et la citoyenneté, telles la liberté, l’égalité et la fraternité, que les sénateurs se firent naturellement un devoir de conserver.
La liberté des emprunteurs, nous l’avons démontrée : les emprunteurs sont libres de ne pas s’assurer chez un assureur. L’égalité et la fraternité entre les emprunteurs, nous allons maintenant les démontrer.
Pour rappel, l’assurance emprunteur distribuée par les banques s’appelle une “assurance groupe” ou “contrat groupe”. D’une part parce que c’est l’assurance maison du groupe bancaire, d’autre part parce que cette assurance regroupe l’ensemble des clients détenteurs d’un emprunt immobilier dans la banque.
Lorsqu’un banquier assure un prêt, il mutualise le risque entre les emprunteurs : il fait adhérer chacun et chacune à une assurance collective. La mutualisation offre de nombreux avantages. Les formalités d’adhésion d’un contrat groupe sont simples et ses coûts sont réduits puisqu’il s’agit d’un contrat collectif assurant un grand nombre de personnes.
Ce contrat présente du moins un inconvénient - rien n’est parfait. Et puis ce n’est que chicanes liées à l’âge, à l’état de santé, à la profession de l’emprunteur ou encore au montant emprunté. Des détails.
De fait, le contrat étant collectif et mutualisé, un jeune emprunteur en parfaite santé qui réalise un petit achat immobilier obtiendra un tarif calculé à partir de l’ensemble du groupe de clients de la banque, lequel comprend des personnes âgées, des personnes pratiquant un métier ou un sport plus risqués, des personnes en mauvaises santé ou encore des personnes dont les montants empruntés sont plus importants que le sien.
Cependant ne querellez point votre banquier sur ce bémol parce que si par malheur un emprunteur n’entre pas dans le cadre général du contrat groupe, il ne l’exclura pas mais le pénalisera tout de même d’une surprime ou d’une limitation de l’étendue de sa garantie, de façon à ne pas sanctionner le reste de sa famille et continuer à vous garantir un bon tarif collectif.
En résumé, la clientèle de la banque forme un groupe d’emprunteurs qui s’assurent les uns les autres à coût égal, indépendamment des situations individuelles. Les assurés plus âgés bénéficieront des mêmes tarifs que les plus jeunes. Voilà pour l’égalité !
Le contrat collectif de la banque octroie donc aux plus âgés des primes plus basses grâce au moindre risque présenté par les assurés moins âgés. Les benjamins du groupe verseront une prime d’assurance de prêt plus élevée mais ces clients juvéniles, à l’instar du sénateur et du banquier, perçoivent ce surcoût comme un impôt de solidarité sur l’infortune : un coût plus faible pour les uns qui coûte plus cher aux autres, c’est le coût de la fraternité et de l’égalité entre les cotisants.
Mutualiser c’est être solidaire. Sans les jeunes, les vieux seraient moins gâtés. Voilà pour la fraternité !
L’assurance groupe des banques, à bien y réfléchir, représente les valeurs de la République. Les parlementaires du Sénat ne pouvaient se montrer insensibles à la contribution essentielle des banques au bien commun. Plus lucides, ils ont rappelé derechef aux insouciants de l’hémicycle du quartier Saint-Germain que les banques, aussi privées soient-elles, constituaient un service public. Il faut dire que le Jardin du Luxembourg leur donne une profondeur de vue qui manque à la vision des députés.
La suprématie des banques sur le marché de l’assurance de prêt s’explique par l’adhésion à des valeurs que partagent les assurés eux-mêmes. Les banquiers et leurs clients s’entendent sur un modèle de société.
Un banquier pense collectif, ce n’est pas un individualiste. Il n’individualise pas ses contrats d’assurance de prêt. Il ne personnalise pas la tarification d’une assurance emprunteur en fonction de l’emprunteur lui-même. Il ne favorise ni ne défavorise personne. Il pense assurance emprunteurs avec un s.
Les clients non plus ne sont pas des individualistes. Les députés se trompent sur leurs électeurs : l’augmentation de leur pouvoir d’achat n’est pas la question essentielle. Les sénateurs, avec raison, à l’appui d’une connaissance plus profonde de la nature humaine, a préféré défendre l’esprit de sacrifice des français.
Si les consommateurs voulaient à tout prix faire des économies ça se saurait ! Il se seraient rués depuis longtemps chez les assureurs et les courtiers. Ne proposent-ils pas aux emprunteurs des assurances moins chères ? Qui les en empêche ? Pourtant ces derniers ne font pas la queue. Des salle d’attentes bien tranquilles ; vous seriez servi rapidement.
Preuve irréfutable que le client n’est pas cupide : ce contrat d’assurance individuel moins cher offre les mêmes garanties que le contrat groupe des banques ! Le rapport qualité prix est meilleur chez les courtiers et les assureurs indépendants !
Erreur des assurés en faveur de la banque ? Pas du tout ! Une assurance groupe permet aux personnes présentant peu de risques de compenser les personnes plus risquées. C’est ce souci des autres qui prime sur ce marché.
Assurer son prêt immobilier dans sa banque, c’est appartenir à une communauté d’emprunteurs. C’est pratiquer son attachement à l’entraide. Nous avons bel et bien affaire à des adultes consentants : c’est en parfaite connaissance de cause qu’ils payent plus cher.
Si les emprunteurs achètent une assurance de prêt plus chère, c’est qu’elle a plus de valeur. A moins qu’ils ne lui accordent plus de valeur parce qu’elle est plus chère… Ou à moins encore que les banquiers n’en jouent pour justifier leur prix : mon produit est plus cher parce qu’il est meilleur…
Mais passons : l’idée rassembleuse, la raison majeure du succès des banques semble plutôt que chaque assuré se sent habité d’une mission : il profite de tous en meme temps qu’il profite à tous. Belle action !
C’est ce dévouement de leurs assurés que les banquiers ont vainement expliqué aux députés : leurs clients ne veulent pas payer moins cher un produit similaire, pas même un produit meilleur. Ils veulent participer à une mission qui dépasse leur seul intérêt. Ils trouvent un sens supérieur à l’adhésion d’une assurance mutuelle qui protège l’ensemble des sociétaires. C’est la raison pour laquelle les banques communiquent toujours sur leurs valeurs immatérielles : leurs clients, comme elles, n’ont pas le goût immodéré de l’argent.
Et les chiffres donnent raison aux banques. Le marché de l’assurance emprunteur en France, ce sont 10 milliards d’euros dépensés par 7 millions de propriétaires ayant un crédit immobilier en cours !
Une fois la réforme entérinée, la mauvaise langue du patron de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir se réjouissait à l’idée que des millions de foyers allaient pouvoir économiser et prélever aux banques 550 millions d’euros séance tenante. Un manque à gagner conséquent pour les prêteurs (autrement dit une perte considérable pour la collectivité), contre un gain immédiat pour les emprunteurs (mais un médiocre profit individuel).
550 000 000 € de pouvoir d’achat en un instant ! Preuve que les consommateurs sont désintéressés, n’en déplaise à l’association qui les défend : 88% d’entre eux précisément - soit plus de 6 millions de foyers - n’en profitent pas malgré leur droit déjà acquis de résilier et de changer d’assurance.
Certes le Sénat a tout de même concédé qu’il fallait mieux les informer sur ce droit de rompre et de faire un meilleur mariage chaque année. Mais vous croyez vraiment que 9 emprunteurs sur 10 seraient mal informés ? Un seul est ignorant. Les neuf autres savent et ne veulent pas changer.
Telle est l’heureuse réalité : seulement un emprunteur sur dix est vénal en France ! Mais tel est aussi le malheureux constat : les assureurs et les courtiers veulent rendre les neuf autres aussi vénaux que le premier !
Naviguez sur internet et tapez les mots clés “changer d’assurance emprunteur”, “résilier une assurance de prêt”, “comparer les assurances crédit immobilier”, “courtier en assurance de prêt immobilier”, “délégation d’assurance”, “assurance alternative”, “assurance individuelle” ou encore “loi Lemoine”, etc. Ne soyez pas ridicule : ne cliquez pas sur “gagner de l’argent sur son assurance emprunteur”…
Cherchez et lisez : vous trouverez partout ce même exemple d’un jeune impétrant qui a emprunté 200 000 € pour l’achat d’un bien immobilier. Les assureurs, qu’ils soient grossistes ou courtiers en assurances, les courtiers en prêt immobilier ou encore les comparateurs d’assurances de prêt en ligne, tous exploitent le même argument - autrement dit le filon - de cet emprunteur fictif pour vous séduire et vous pousser au vice de lâcher votre banque.
Le beau récit qu’ils nous racontent est celui-ci : si cet ingrat quitte sa banque pour migrer chez un assureur, il économisera entre 5000 et 15 000 € sur le coût de son assurance de prêt ! Et nous parlons de l’assurance d’un prêt de 200 000 €. Alors imaginez l’économie réalisée sur des prêts immobiliers de 300, 400, 500, 600, 700, 800, 900 000 euros ! Trop beau pour être vrai ! Pas vrai ? Alors nous avons calculé nous-mêmes pour vérifier… Conclusion : c’est beau mais c’est vrai.
Ce qui est encore plus beau et c’est encore vrai, c’est qu’à garanties équivalentes, ce contrat d’assurance de prêt souscrit auprès d’un assureur alternatif va lui coûter entre deux et quatre fois moins cher que le contrat groupe de sa banque ! Changer d’assurance emprunteur va permettre à ce jeune loup d’économiser 50€ par mois - et ce n’est qu’une moyenne.
Ce qui n’est pas beau en revanche, et c’est si vrai, c’est d’attiser comme ça l’appât du gain chez les clients des banques. Parce que ce changement d’assurance de prêt, si un trop grand nombre d’emprunteurs en empruntaient le chemin, ce serait non seulement la déliaison entre le prêt et l’assurance, mais pire, ce serait désunir les assurés au sein même du groupe bancaire.
D’accord cet infidèle paye moins cher son assurance de prêt, il est au minima aussi bien assuré, il est même fort probablement mieux assuré que dans sa banque qui lui avait pourtant signifié qu’il ne pouvait exister une couverture plus chaude ailleurs.
Oui mais il ne cotise plus pour les autres, il s’est désolidarisé, il démutualise le contrat groupe que son adhésion avait pourtant contribué à tarifer, il coupe le cordon de la bourse qui indemnisait uniformément les assurés, chanceux et malchanceux ensemble. Les autres clients de sa banque étaient comme des co-emprunteurs de son propre logement, ils formaient un corps solide, un idéal collaboratif réglé et tenu par une composition actuarielle harmonieuse. Il n’a pas honte ?
Certes à l’heure actuelle, cet emprunteur isolé ne fait de mal à personne. Ce n’est pas une grosse perte financière pour la banque. Ce n’est pas beaucoup d’argent en moins pour ses clients. C’est un cas assez rare, ils ne sont que quelques marginaux comme lui en France. Ils font bande à part, perturbent un peu la classe mais ne troublent pas la bonne tenue générale de l’établissement.
Nous n’en sommes pas encore au grand détournement de fonds vers les assureurs au profit présumé des clients. Les murs du Sénat n’ont certes pas réussi à faire barrage à ces maléfiques pour retenir les assurés chez leurs bénéficiaires ; cependant le coffre fort qui enferme leurs versements juteux et colossaux ne deviendra pas une boîte de Pandore.
Parce que supposez que cet Harpagon donne l’exemple. Imaginez que cet huluberlu devienne un modèle. Que ce trublion évangélise les autres clients. Que ces radins égoïstes ne représentent plus 10% mais 90% des emprunteurs ! Que les six autres millions de membres moutonniers des contrats collectifs réclament leur indépendance, quittent le groupe, cassent l’esprit d’équipe, se désolidarisent des mutualisés, s’assurent chacun de leur côté, rompent la chaîne humaniste des banquiers, se rangent à la vénalité des assureurs et des courtiers !
Si résilier son assurance emprunteur n’était plus un évènement exceptionnel, ce serait l’envolée soudaine d’une multitude de contrats individuels, personnalisés, taillés et tarifés sur mesure, particulièrement appropriés aux emprunteurs plus jeunes, qui pour ne rien arranger sont aussi ceux dont les revenus sont certes les plus prometteurs mais les moins élevés, ce qui est passible de les rendre assez jaloux de leur argent et plutôt proactifs dans la recherche de contrats alternatifs plus avantageux, spécifiquement modélisés pour eux.
Ce sont des milliers d’euros qui détaleraient de la poche des banquiers dans la poche des clients ! Un gros trou, pire un abîme dans la caisse universelle des assurés, un profond coup de canif dans le contrat qui protège les plus fragiles et les plus âgés, lesquels, qui sait, deviendraient inassurables du jour au lendemain, ce que le discernement et la retenue des sénateurs voulait avec force éviter.
Il est cependant improbable qu’une telle poussée d’individualisme soit à redouter, bien que les emprunteurs puissent désormais résilier leur contrat d’assurance emprunteur à tout moment, sans aucune complication accablante…
Ils n’oseraient pas faire ça ! Une assurance emprunteur à la demande, sur simple présentation d’un contrat équivalent : les mêmes garanties, seul le prix change. Oui c’est tentant et on y pense. Mais de la réflexion à l’action il y a qu’un pas qu’on ne fera pas.
La loi Lemoine est une aubaine qui aurait pu faire des millions d’émules, mais elle sera combattue par un attachement général au bien commun. Rendez-vous compte : une loi qui promeut, valorise et facilite le désengagement ? Une loi consumériste !
Non ! Les assurés, contre la préconisation de leurs députés, ne permettront pas que soient prises des initiatives personnelles aussi ruineuses. Partis, ces clients eussent été gagnants mais il y avait trop à perdre pour les banques et leurs clients restants.
Vous comprenez comme il était important que le Sénat veille au grain.
Assurer un prêt immobilier hors de la banque est un acte solitaire que les prêteurs tolèrent. Ils n’ont pas demandé 100% du marché ! Ils veulent faire tourner l’économie tout de même…
Mais cette tolérance a des limites et c’est ce que le lobby des banques avait fait savoir très gentiment à la buvette du Sénat, non content que l’Assemblée Nationale ait tenté d’émécher ses clients.
Ne cédez pas à la tentation du mal assuré par les banques. Il ne sait pas ce qu’il fait. C’est un égaré qui n’a pas compris la valeur morale que lui prêtait la banque en lui offrant de payer plus cher son assurance de prêt.
Mal assuré non pas en ce sens que l’assurance emprunteur qui lui fut vendue était mauvaise. Personne ne nie la qualité ni la générosité des assurances bancaires. Il estime que sa banque l’assure mal en ceci qu’elle lui prélève plus qu’elle ne devrait, la même assurance de prêt pouvant être trouvée ailleurs à un prix moins cher, souscrite chez un courtier ou un assureur.
N’agissez pas séparément comme lui. Ne refusez pas l’assurance de la banque, bien qu’elle soit la plus chère. Certes cette surprime est d’autant plus sensible que le coût de l’assurance est souvent plus élevé que le montant des intérêts du prêt immobilier à rembourser… Les taux sont bas mais les assurances sont chères. Et les secondes semblent d’autant plus chères que les premiers sont très bas. Mais soyez désintéressés. Expulsez ces pensées pécuniaires et songez que vous financez un groupe d’assurés, pas un groupe bancaire.
Grâce au modèle bancaire, vous n’assurez pas que vous, vous assurez tout le monde. La banque a fait de nous des semblables, qui se secourront d’autant mieux que l’excédent des recettes est considérable. Le mauvais moment venu, nous comprendrons à quel point ces surplus n’étaient pas superflus. Leurs gains sont énormes mais énormes aussi seront les indemnisations.
N’engagez pas une lourde perte de bénéfices indus à votre banque. Cet excédent d’argent vous soude à votre prochain. Alors ne songez pas à faire cavalier seul et à vous enrichir personnellement. Non seulement cet argent ne ferait pas votre bonheur, mais il ferait le malheur des autres. Est-ce un projet de vie intéressant ?
Comment payer moins cher une assurance de prêt ? Cette question n’intéresse en réalité personne, bien qu’elle pique la curiosité de tout le monde.
Le goût pour l’argent des assureurs, dont nous avons vu qu’ils n’étaient pas du goût des consommateurs ni des banquiers, ne pourra rien contre le souci des autres. 12% d’égoïstes seulement en profitent actuellement. Des vilains qui ne seront jamais des zélateurs fort heureusement. Les radins n’enrôleront pas les emprunteurs soucieux et bienveillants.
Et puis pour les assurés, leur banque est comme un bateau de croisière, un luxe qu’ils consentent à s’offrir d’autant plus volontiers qu’un crédit immobilier est un voyage au long cours, durant lequel ils recherchent la sérénité et la sécurité, le calme pendant et après la tempête. Qui sauterait par dessus bord d’un vaisseau amiral pour rejoindre la barque de l’assureur du coin, dont le billet, encore heureux, est plus abordable ?
Le séjour y est plus cher mais c’est normal : non seulement parce que la banque vousoffre une pension complète, mais encore, et c’est là le secret, parce que le contrat groupe d’une banque vous donne le sentiment de faire partie d’un équipage, naviguant dans un but commun, qui se sert les coudes et qui regarde vers un même horizon.
Et puis une banque c’est solide. Une banque ça rassure. Une banque c’est riche et c’est pourquoi ça ne peut pas faire de vagues lorsqu’il s’agit de casser la tirelire pour indemniser un emprunteur. Du moins est-ce ainsi que l’emprunteur réfléchit - ou s’illusionne.
Voilà comment le banquier vous vend son propre code des assurances : il vous vend l’idéal mutualiste ! Chaque banque est un crédit mutuel finalement : l’assuré en banque n’est pas un mercenaire, il fait partie d’un groupe dont il est solidaire. C’est un cercle vertueux : il assure une collectivité autant qu’il s’assure lui-même.
En conclusion, ce ne serait pas bien d’aller s’assurer ailleurs.
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